
Booz et la Pentecôte
Et si Victor Hugo nous aidait à mieux vivre la Pentecôte ? Il médite, dans Booz endormi, le livre de Ruth qui raconte l’aventure de Booz, un notable fidèle à la Loi.
Cet homme marchait pur loin des sentiers obliques,
Vêtu de probité candide et de lin blanc.
Et, toujours du côté des pauvres ruisselant,
Ses sacs de grains semblaient des fontaines publiques.
Booz rencontre Ruth : elle ramasse dans les champs les épis abandonnés par les ouvriers. Elle a quitté son pays à la mort de son mari pour accompagner sa belle-mère en Israël. Emu par sa fidélité, Booz, dépassant une charité ordinaire et convenue, l’autorise à glaner dans ses champs. Plus tard, dans son sommeil, Booz est secoué par un frisson. Pour Hugo, qui n’a pas peur d’attribuer à Booz le songe de Jessé,ce frisson est le signe que Dieu lui parle dans son sommeil.
Et ce songe était tel, que Booz vit un chêne
Qui, sorti de son ventre, allait jusqu’au ciel bleu ;
Une race y montait comme une longue chaîne ;
Un roi chantait en bas, en haut mourait un Dieu.
Pour Hugo, si Booz est attiré par Ruth, c’est qu’il n’a pas de fécondité. Et Dieu vient donner à cet homme fidèle l’épanouissement de son histoire. Peut-être pouvons-nous ainsi mieux comprendre la Pentecôte ? L’Esprit du Ressuscité déploie notre histoire. Dans nos vies, il y a tout à la fois le quotidien insipide, l’obéissance à la Loi divine, et des gestes qui vont au delà de l’ordinaire et du convenu. Et soudain l’Esprit Saint qui donne une ampleur immense à nos vies. Cette ampleur c’est l’amour.
Ruth songeait et Booz dormait ; l’herbe était noire,
Les grelots des troupeaux palpitaient vaguement ;
Une immense bonté tombait du firmament ;
C’était l’heure tranquille où les lions vont boire.
Une immense bonté tombait du firmament : l’amour qu’ils peuvent se donner, Booz et Ruth le reçoivent. Hugo a bien compris l’origine de l’amour. Avec l’Esprit de charité, nous pouvons aimer d’une manière nouvelle. Que cette fête de la Pentecôte nous donne de nous émerveiller de cet amour que Dieu nous donne pour aimer.
Père François-Xavier Desgrange